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que soit la cause de cette protection nécessaire à mon cœur, l’arrivée prochaine du frère dont je suis séparée depuis tant d’années, m’empêche de la réclamer. C’est à lui de m’encourager, c’est à lui de me défendre ; je ne puis accepter que de lui les secours dont j’ai besoin pour me soustraire, ou pour me résigner à la plus cruelle existence. Mais il est un autre secours que le blâme du monde ne saurait atteindre ; c’est la certitude d’intéresser un être supérieur ; de vivre, de souffrir dans sa pensée, d’être sans cesse présente à sa seconde vue, à ce regard magnétique qui pénètre tous les secrets de la vie matérielle et spirituelle. Ah ! si comme tout me le fait croire, le ciel vous a donné ce don prestigieux, la feinte est inutile ; vous voyez dans mon cœur, vous connaissez la terreur qui le domine, vous savez qu’il est tendre, reconnaissant ; digne d’éprouver et d’inspirer une affection dévouée ; mais vous savez aussi que je mourrais plutôt que d’ajouter un remords à toutes les douleurs qui m’accablent.

« Alexine. »

L’aveu le plus passionné ne m’aurait pas