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— Je vous crois, Moritz ; vous êtes un honnête homme ; vous ne voudriez pas vous charger des commissions d’un jeune étourdi ; aussi je vous confie sans crainte ce mot de réponse.

— En disant cela, elle me donne le billet que voici.

Le récit de Moritz continua toujours ; mais je m’étais emparé de la lettre, et rien ne pouvait m’en distraire. La voici : je l’ai lue si souvent que je la sais par cœur :

« Qui donc êtes-vous, pour connaître ainsi mes malheurs ? pour voir couler les larmes que Je cache à tous les yeux ? quel est le pouvoir surnaturel qui vous instruit de toutes mes actions, qui vous fait lire dans mes plus secrètes pensées ? Si ce miracle est l’effet d’un sentiment généreux, d’une pitié sincère, j’en rends grâces au ciel ; car dans l’isolement où la mort de ma tante me plonge aujourd’hui, l’idée qu’une âme amie veille sur moi me soutient, me console ; ne pouvant expliquer d’où me vient cette protection, tantôt j’adopte les croyances du pays où je suis condamnée à vivre, tantôt me rappelant ce que j’ai entendu dire du somnambulisme, je me crois soumise à une volonté occulte ; mais quelle