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» À tout cela, je répondis que je ferais ce qu’elle désirait, mais j’espérais bien que toutes ces recommandations seraient inutiles, et qu’en se calmant elle serait bientôt délivrée de la fièvre qui la dévorait.

» — Non, me dit-elle, je n’ai plus que peu de moments… laisse-moi les employer à lui écrire.

» En disant cela, elle tâchait de se soulever, et n’en ayant pas la force, elle me pria de l’aider. Je ne voulus pas d’abord lui donner de quoi écrire, bien sûre qu’on me gronderait d’une complaisance qui pouvait lui faire beaucoup de mal.

» — Au nom du ciel, ne me refuse pas, dit-elle alors d’un ton qui semblait m’ordonner comme si elle n’était déjà plus de ce monde ; ne me refuse pas, ma bonne Rosalie ; tu t’en repentirais le reste de tes jours, car ce que je veux écrire empêchera de grands malheurs.

» Il n’y avait pas moyen de résister à cette dernière volonté ; je l’aidai avec peine à se mettre sur son séant, je l’entourai d’oreillers pour la soutenir et je posai sur elle le petit pupitre dont elle se servait habituellement pour écrire ; en-