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que tu sois arrivé avant qu’on ferme la grille du château. À demain, je t’attendrai ; viens de bon matin ; soit que tu me rapportes ou non une réponse, j’ai à te parler.

Alors, quittant brusquement Moritz, je revins près de ma mère. Je la trouvai étendue sur un canapé, entourée de nos amis. Madame de Verdiac s’empressa de me dire :

— Ne vous inquiétez pas ; elle est plus souffrante, il est vrai ; mais le docteur a dit qu’il n’y avait pas lieu de s’alarmer d’un petit mouvement de fièvre. Seulement, comme il serait imprudent de l’exposer à la fatigue de la voiture dans cet état d’indisposition, nous avons décidé qu’il fallait remettre notre départ à la semaine prochaine. Puis, se trompant sur l’expression de reconnaissance qui se peignit dans mes yeux ; cela vous attriste, vous contrarie sans doute, ajouta-t-elle ? mais l’intérêt de votre mère vous fera supporter patiemment ce retard ; elle mérite bien qu’on se sacrifie pour elle de bonne grâce.

— Ah ! moi seul sais tout ce qu’elle mérite d’amour et de reconnaissance, dis-je en serrant sur mon cœur la main que me présentait ma