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— Que dis-tu ? demandai-je avec anxiété, tu as conduit un homme, l’autre nuit, au château Byron ?…

— Oui, monsieur, et je serais bien embarrassé de vous en faire le portrait, tant il était entortillé dans son grand manteau. Cependant, à la manière leste dont il a sauté dans ma barque, c’est un jeune homme, je le parie.

— Et tu ne sais pas quel motif le conduisait à cette heure de l’autre côté du lac ?

— Non, monsieur, j’ai tenté plusieurs fois de le faire parler ; il me répondait rarement et par un signe de tête ; j’aurais pu le croire muet, s’il ne m’avait ordonné, de la manière la plus nette, de le laisser tranquille.

— Qu’est-il devenu après que tu l’as eu débarqué ?

— Ma foi, monsieur, je n’en sais rien ; seulement, je dois croire qu’il ne s’est pas amusé pendant sa promenade, car il avait l’air de bien mauvaise humeur au retour. Je l’ai entendu murmurer des mots, dans un langage que je ne connais, pas, mais d’un ton de colère qui est le même dans toutes les langues.