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VI


Je me rendis au port de Secheron ; Moritz amarrait ses barques. Quel voyageur, quel riverain du lac de Genève ne connaît point Moritz ? Ce compagnon des promenades sur l’eau du poëte anglais ; qui n’a pas entendu, avec un vif intérêt, le récit de ses visites nocturnes au château Chillon ; dans ces souterrains, où le batelier tenait deux flambeaux à la lueur desquels Byron écrivait ses strophes admirables. « Tu vois, disait-il à Moritz, ce chiffon de papier ? Eh bien, si je te le donnais, il ferait ta fortune. » Rien n’était plus vrai ; mais ce que l’on ne conçoit pas c’est que le don de ce chiffon de papier immortel n’ait pas suivi la réflexion du poëte.

Avant d’être son guide, Moritz avait souvent conduit Napoléon et Joséphine sur ce beau lac ; et c’était encore à lui que se confiait la rêverie du célèbre auteur de Corinne, Riche de tant de