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la maison la retiendraient quelque temps chez eux, que cela me donnerait celui de déposer moi-même à la poste la lettre que je venais d’écrire à la princesse Olowska, et de prendre des informations sur ce prince russe dont l’arrivée me causait une vive inquiétude.

Ma lettre contenait une foule de choses ennuyeuses à redire, mais qui devaient intéresser Alexine, n’eût-elle que la curiosité d’apprendre par quel moyen prestigieux un homme qu’elle ne connaissait point, qu’elle n’avait jamais vu, pouvait être si bien instruit, non-seulement de ce qui la regardait, mais encore de ses actions les plus intimes.

Le soir, de retour au belvédère, avec quel plaisir je l’aperçus tenant ma lettre d’une main, et soutenant sa tête de l’autre, dans l’attitude d’une personne qui cherche à s’expliquer une chose incompréhensible ; d’abord, avec un signe d’impatience, elle jeta la lettre sur une petite table qui se trouvait près d’elle. Alors, sa femme de chambre entra, lui dit quelques mots accompagnés de grands gestes. Alexine se leva précipitamment pour la suivre, puis, revenant sur ses pas, je la vis reprendre la lettre qui était restée