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crie : Oui, c’est elle… c’est sa harpe… elle brave l’orage pour me répondre… elle a pitié de ce pauvre inconnu… Ah ! ce moment de bonheur lui donne ma vie.

Et me voilà dans un vrai délire d’amour et de joie. Je guette le moindre éclair, pour apercevoir encore cette ombre adorable, que la lumière du fond de l’appartement, jointe au feu du ciel, me fait apparaître comme un divin fantôme. L’orage a fui, les éclairs sont éteints, et je regarde encore. Le jour me retrouve au belvédère, saluant par mes vœux et ma reconnaissance, l’asile de celle qui fait battre mon cœur. Jeunes gens du siècle, esprits raisonnables, philosophes positifs, moquez-vous de ma joie romanesque ; je suis assez vengé en pensant que vous ne l’éprouverez jamais.