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par torrents, et la plus profonde obscurité règne dans le château Byron.

L’espoir s’était affaibli dans mon cœur à mesure que le moment de le voir réaliser s’approchait, et je rendais grâce à l’orage d’opposer à mes vœux un obstacle naturel, tant j’en redoutais un, né de la volonté d’Alexine. Triste, découragé, à la vue de ce ciel noir qui répandait son ombre sur les deux rives, je restais absorbé dans mes pensées, oubliant même le télescope. Mais la pluie a cessé, l’orage semble se porter sur les hauteurs du Jura. Il fait retentir les montagnes ; on croirait qu’elles s’écroulent. Tout à coup, un éclair me montre la cime du Mont-Blanc, un second va sans doute éclairer la colline qui borde l’autre côté du lac ; je pourrai du moins apercevoir le toit où Alexine repose. Je me rapproche du télescope… Oh ! ciel !… est-ce bien elle ?… Pendant cette seconde lueur, mes yeux ne m’ont-ils pas trompé ?… Oh ! mon Dieu, le bruit du tonnerre s’éloigne… Ne viendra-t-il plus d’éclair ?… Et je retombe dans cette sorte d’anéantissement qui succède à la fièvre ; c’est l’effet de mon transport au cerveau, pensai-je… Mais le ciel s’embrase de nouveau… et je m’é-