— Pour moi, je vous tiens quitte de tout ce qui regarde la vieille, dit Albert ; mais pour la belle Tartare…, dont la blonde chevelure rappelle si bien les héroïnes du Nord…
— Cette belle Tartare, reprit M. de Bonst… en riant, est tout simplement la fille d’un excellent et pauvre gentilhomme français, qui, se trouvant l’année dernière en Russie avec elle, lui a fait faire un brillant mariage, dont la solennité a pensé être fort tragique.
— Quelque rival de mauvaise humeur, dit Albert, qui aura voulu disputer la fiancée à coups de pistolet, n’est-ce pas ?
— Mon Dieu ! qu’Albert est ennuyeux avec sa manie de vouloir tout deviner ! dit ma mère.
Combien je lui sus gré de cette réflexion !
— Il s’agit bien de rival, vraiment !… La pauvre jeune fille, arrivée depuis peu de temps à Saint-Pétersbourg, n’y voyait que les vieux amis de sa tante, chez qui elle demeurait. C’est la comtesse Noravief qui a arrangé ce mariage, en reconnaissance de celui qui l’avait fixée en Russie, et qui la rendait maîtresse d’une grande fortune. Elle se serait bien gardée de présenter à sa nièce aucune personne qui pût la détour-