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II


Les jours qui suivirent, je passai dans mon observatoire tous les moments que ne réclamait point ma mère ; j’étais surtout exact à l’heure du soir où la belle Russe faisait apporter sa harpe sur le balcon, probablement pour distraire la vieille malade par des accords harmonieux ou par les accents d’une voix divine ; car, malgré le profond silence qui m’entourait, ces accords, cette voix, mon imagination me les faisait entendre, et mon cœur en tressaillait. Chaque soir, pour n’être pas interrompu dans ma contemplation, j’inventais plusieurs petites ruses qui réussissaient assez bien. Je faisais seller mon cheval ; puis, sortant de la cour avec fracas, je laissais mon cheval à quelque distance ; je rentrais à pied par la petite porte du jardin, et regagnais le belvédère par l’escalier de service. Mon domestique m’attendait chez