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oui… souvent on rencontre… près d’une personne âgée… puis je ne sais quel sentiment m’empêcha de continuer. Était-ce la honte d’une émotion trop vive, la pudeur d’une espérance déraisonnable, ou ce besoin de mystère qui fait qu’on aime à se créer un secret ? Enfin, je gardai pour moi cette charmante découverte.

Rappelé dans le salon par la visite du docteur Butigny, on me questionna sur le télescope, sur l’étendue de pays qu’on apercevait du belvédère ; je répondis avec distraction, et je pris sérieusement de l’humeur lorsque madame de Verdiac et Albert formèrent le projet de se servir dès le lendemain du télescope pour faire une descente dans l’ancienne demeure de lord Byron.

Dès que je pus m’échapper, je remontai au belvédère ; mais la nuit commençait à tomber. Le balcon sur lequel j’avais vu les deux femmes était désert ; cependant les fenêtres du salon s’éclairèrent, et je vis passer, comme une ombre légère, celle dont la taille élégante était restée dans mon souvenir ; bientôt après, je la vis repasser, soutenant la vieille femme qui marchait avec peine ; un domestique les précédait, un flambeau à la main ; une femme de chambre les