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— Depuis lui, demandai-je, personne n’a donc habité cette maison ?

— Si vraiment ; mais les habitants en ont respecté jusqu’à ce jour l’arrangement. On dit qu’elle vient d’être louée par une famille russe. Tenez, voici probablement la nouvelle locataire, ajouta M. de Bonst…, regardez sur le balcon du premier ; vos bons yeux auront bientôt distingué si c’est une jolie femme.

À ces mots, je m’emparai du télescope avec une impatience toute romanesque ; mais je le repoussai bientôt en m’écriant : Ah ! mon Dieu ! elle est vieille et affreuse ! Maudit soit l’instrument qui peut ainsi rapprocher la laideur !

— Attendez un peu, reprit M. Bonst…, cette femme n’est peut-être pas seule. Dans ma jeunesse, j’aimais beaucoup à rencontrer une vieille femme, une grand’mère surtout ; c’était pour moi le garant de la présence d’une jeune fille, et ce présage ne m’a jamais trompé.

Pendant que M. de Bonst… parlait, je respirais à peine ; l’apparition d’une figure angélique qui venait de se placer à côté de la vieille captivait tous mes sens.

— En effet, répondis-je d’une voix émue…