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— Quand ce n’est point désolant, reprit M. de Bonst… Si vous saviez que de vilaines scènes on voyait d’ici quand le maître et ses amis étaient ivres !

— Cela est possible ; mais aussi, quand on apercevait lord Byron rêvant sous ces tilleuls, les yeux fixés sur ce beau lac, on jouissait d’avance du plaisir qu’on aurait à lire ce qu’il méditait ; on s’associait à ses idées ; la mélancolie peinte sur son beau visage exprimait alors les sentiments profonds de cette âme blessée, seule avec ses regrets, et cherchant à se délasser des fatigues de la vanité par le travail et la gloire, Quel spectacle amusant à contempler !

— C’est dommage qu’un esprit aussi supérieur se soit trouvé marié à l’esprit le plus positif ! dit M. Vanderven : si Byron avait été compris par sa femme, il n’aurait fait aucune des choses qu’on lui reproche.

— Ni des poésies qu’on admire, dis-je ; c’est la révolte d’un cœur aimant ; c’est le besoin de se dire à soi-même ce que le vulgaire n’entend pas, qui fait parler le poëte. Sans les humiliations de sa mère pour le pauvre boiteux, Byron n’eût été qu’un dandy moins stupide que les au-