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était le seul qui vînt nous voir habituellement.

Un jour qu’il dînait avec nous, il nous raconta quelques-uns de ces traits, plus bizarres que polis, qui indisposèrent si souvent les sérieux Genevois contre l’auteur de Child-Harold.

— Je venais quelquefois ici, ajouta-t-il, à l’époque où lord Byron s’établit dans la maison blanche que l’on aperçoit sur l’autre bord du lac ; et comme les Anglais qui occupaient la vôtre étaient fort curieux de savoir ce qui se passait chez le poëte fashionable, ils avaient fait l’acquisition d’un télescope excellent, qui doit être encore dans le belvédère, et à la faveur duquel ils pénétraient dans les secrets d’intérieur du noble lord de la manière la plus indiscrète.

— Que cela devait être amusant ! dit ma mère, et que j’aurais facilement passé ma vie à regarder celle-là.

— Quoi ! vous vous seriez exposée à voir toutes les choses que lui-même ose à peine raconter ? s’écria madame de Verdiac d’un air prude.

— Bon, je suis courageuse, reprit en riant madame de Norcelles, et puis voir un grand génie en robe de chambre, c’est toujours intéressant !