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M. Vanderven, un savant qui avait surveillé mon éducation depuis la mort de mon père ; madame de Verdiac, femme d’esprit qui ne pouvait se disposer à vieillir, et un de mes cousins, sage étourdi de vingt ans, vif et froid, inconséquent dans ses discours, très-calculé dans ses actions ; voilà les seuls amis que j’avais pu décider à nous accompagner.

D’abord, tout occupé de la santé de ma mère, je ne m’aperçus pas de l’ennui qui me gagnait ; mais le traitement opéré par Butigny ayant dissipé mes inquiétudes, je m’aperçus que mes promenades sans but, mes conversations sans intérêt, enfin ma vie sans mystère, me devenaient insupportables. Dans ce calme plat, j’allais jusqu’à regretter les tortures que m’avait fait endurer la coquetterie féroce de madame de Rennecy. Je désirais qu’un nouveau caprice l’amenât à Genève, quitte à maudire encore son naturel factice et son égoïsme caressant.

La crainte de fatiguer ma mère par de longues visites m’empêchait d’inviter plusieurs de nos voisins, qui auraient peut-être jeté un peu de variété dans notre existence monotone. M. de Bonst…, l’ancien ami de madame de Staël,