Page:Nichault - Souvenirs d une vieille femme.pdf/163

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Alors la douce main de lady Wel… se posa sur ma bouche.

— Calmez-vous, dit-elle ; quand vous serez en état de m’entendre, vous saurez tout.

Heureusement pour moi, la fièvre la plus dangereuse me tint plusieurs jours entre la vie et la mort. Quand je revins de cette crise terrible, j’étais dans l’état de faiblesse où l’on peut tout apprendre sans craindre un excès d’émotion, et lady Wel… me confia les dénonciations anonymes qu’elle avait reçues sur le compte d’Anaïs ; calomnies infâmes imaginées par les misérables femmes qui en étaient jalouses, et qui espéraient convaincre lady Wel… qu’Anaïs était la maîtresse de son mari. Mais cette imputation, dont elle pouvait facilement se justifier, ne l’aurait pas portée à un acte de désespoir, si des insinuations perfides, si ce mot, qui fait le fond de tous les écrits anonymes : On sait quel métier elle a fait avant de venir ici, ne lui avaient pas laissé croire que son secret était connu ; et que moi, grand Dieu ! moi qui l’adorais, je l’avais indignement révélé !…

Ici l’émotion la plus profonde empêcha M. de L… de continuer.