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courir diverses contrées de l’Inde, au delà du Gange. Mais arrivé à Bénarès, je n’eus pas le courage de poursuivre ma route ; j’inventai je ne sais quelle raison puissante pour laisser partir seul mon compagnon de voyage, et dès que je l’eus embarqué avec sa petite caravane, je retournai à Calcutta.

J’avais mis tant de faste dans les apprêts de mon départ, j’avais tant parlé de ma longue absence, et cela dans l’espoir de désoler Anaïs, que j’éprouvais une sorte de honte à me remontrer si tôt aux yeux des gens qui venaient de recevoir mes adieux. Ne voulant rentrer dans la ville que lorsqu’il ferait nuit, j’envoyai mon nègre, mon cher Zaméo, en avant, avec la recommandation de tenir mon retour secret aussi longtemps qu’il serait possible.

Je me fis descendre à quelque distance du fort Williams, et, côtoyant les bords du fleuve, j’arrivai bientôt près des murs du jardin de lord Wel…

L’obscurité commençait à se répandre sur tous les objets ; ils avaient encore leurs formes, mais ils n’avaient plus de couleur. On ne reconnaissait plus les fleurs qu’à leurs parfums, et la