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au vêtement d’Anaïs, je me traînai à ses pieds en la conjurant par tout ce qu’il y a de sacré sur la terre de ne pas m’abandonner.

— Vous le voyez, dit-elle en me montrant le cadavre ; eh bien, si vous manquez à votre promesse, si vous abusez de cet amour que tous mes efforts n’ont pu dissimuler, si vous me rendez à l’ignominie ; ou si, méconnaissant le dévouement qui m’inspire, vous voulez m’en punir en trahissant mon secret, c’est ainsi que vous me reverrez.

— Anaïs, grâce, Anaïs, m’écriai-je, ne m’accable pas d’un affreux soupçon, d’une menace plus horrible encore ; je jure de tout sacrifier à ta volonté barbare ; oui, tout, jusqu’à mon amour. Puisque tu veux mon malheur, le tien, qu’ils s’accomplissent ; que je meure du regret d’avoir été heureux… heureux un seul instant, et pour expier ce moment d’ivresse par une éternité de douleur… Anaïs, peux-tu exiger cet indigne serment ?… Ah ! reviens ; dis que c’est blasphémer, que tu ne le veux pas ; que ton courage expire à l’idée d’un tel supplice ; oh ! reviens !

Mais elle ne m’entendait plus ; le bruit de