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— Mais si je consacrais toute ma vie à vous consoler ? dis-je avec l’accent le plus pénétré ; car le récit d’Anaïs, sa beauté, sa candeur sauvée de tant de corruption, m’avaient rendu amoureux passionné. Je me sentais capable de toutes les folies pour reconquérir mes droits sur cette femme adorable ; mais, loin de profiter de mon entraînement, elle exigea de moi un sacrifice au-dessus de mes forces.

— Puisque vous me conjurez de ne point m’éloigner de chez lady Wel…, comme j’en avais formé la résolution, il faut, dit-elle, pour que j’y consente, me donner votre parole de ne jamais parler aux autres ni à moi de ce qui s’est passé entre nous ; il faut me traiter avec la plus parfaite indifférence, sinon je pars dès ce soir, et vous ne serez plus exposé à me rencontrer.

Il y avait une volonté si ferme dans son regard, dans son accent, que je promis tout ce qu’elle exigea.

Les jours qui suivirent cet entretien, je ne trouvai pas une seule occasion de la voir ; renfermée avec ses élèves, elle ne descendait plus le soir dans le salon, et se dispensait sans cesse, sous un nouveau prétexte, de les suivre dans le