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vous… Enfin, je gagnai sans obstacle la rue Royale ; je me rappelai qu’un médecin fameux y demeurait ; il avait été appelé auprès de moi à une époque où je faillis mourir : je lui devais la vie ; il me sembla que je pouvais lui demander de m’aider à la passer honorablement. On m’indiqua sa maison ; j’entrai avec plusieurs malades qui venaient le consulter. On me fit asseoir dans un salon d’attente : je tremblais assez vivement pour qu’on me crût la fièvre. Une personne, touchée de ma pâleur, voulut me céder son tour pour que j’eusse plus tôt ma consultation. Mais les secours que j’allais demander exigeaient trop de réflexion ; j’attendis. Quand je fis au docteur B… l’aveu de ma triste situation, je me sentis près de suffoquer. Il eut pitié de moi ; il me plaça chez une lingère qui faisait un grand commerce de mousseline de l’Inde. Je ne sais si ce fut pour m’éprouver ; mais alors on me fit parvenir plusieurs propositions qui auraient tenté plus d’une pauvre fille : j’y résistai sans peine ; car j’éprouvais une horreur invincible à la seule idée d’une association de ce genre.

» Ma conduite, mon caractère, inspirèrent à la maîtresse lingère le désir de m’emmener avec elle,