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ou à des fêtes ; mais tout cela donné par les autorités anglaises.

Un jour, que j’étais invité à un grand dîner chez le gouverneur, je remarquai, auprès de deux jeunes personnes, une femme dont la parure, beaucoup plus simple que celle des autres, avait quelque chose de si élégant qu’elle dénotait une Française : son maintien était modeste, presque humble ; une teinte de tristesse répandue sur son beau visage y ajoutait un charme indicible. Je m’étonnai de voir qu’avec tant de moyens d’attirer l’admiration, elle fût si peu entourée. Chaque personne qui entrait la saluait respectueusement, mais aucune ne lui adressait la parole. Elle n’en paraissait ni surprise, ni blessée ; j’en conclus qu’elle n’était ni vaine, ni coquette, et que ne faisant point de frais pour plaire, on ne prenait pas garde à tout ce qu’elle avait de séduisant.

Au moment de se mettre à table, lady Wel… dit en anglais :

— Miss Denneville, mettez-vous à côté de M. de L…, vous pourrez causer ensemble de votre cher Paris, car lui aussi le regrette.

Ravi de l’occasion qui m’était offerte, je vou-