Page:Nichault - Souvenirs d une vieille femme.pdf/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

augmenté. C’est une partie de ces revenus qui m’a souvent aidée à vous secourir. Quand cette belle chance m’arriva, nous nous étions arrangés dans notre médiocrité ; elle obligeait mes filles au travail, à l’économie ; elle en faisait des femmes essentielles. Mon fils était paresseux, dissipé ; la fortune en aurait fait un oisif à la mode : je l’ai laissé courageusement souffrir de ses fautes, et les réparer en s’élevant du rang de soldat à celui d’officier. Mon gendre aimait le jeu : je l’ai laissé en proie à tous les tourments de la perte et des humiliations qu’elle entraîne, sûre que la leçon serait assez sévère pour n’être point oubliée. Angéline, sans dot, ne serait point flattée, trompée ; il faudrait l’aimer pour vouloir l’épouser. Que de considérations pour ne vous pas révéler ma fortune !

— Voilà donc l’explication de tous ces miracles, s’écria Isidore, de ces bienfaits surprenants, inattendus !

— Oui, je m’amusais à singer la Providence. Ah ! si l’on savait le bonheur attaché à cette faculté de faire le bien, comme s’il tombait des nues, je suis sûre que j’aurais plus d’un imitateur ; mais, comme tous les secrets du monde,