Page:Nichault - Souvenirs d une vieille femme.pdf/126

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le dos à la scène. Un de ses voisins, homme d’esprit, qu’il a souvent rencontré dans le monde, cause avec lui sur le génie du compositeur, le talent de l’actrice, et cette conversation amusante est interrompue par les accords mélodieux d’un chœur de femmes. Isidore se rassied, et l’idée ne lui vient pas de lever les yeux sur les loges d’avant-scène.

Enfin, au milieu du beau duo d’Arsace et de sa mère, un bouquet tombe sur le théâtre, et tous les yeux se portent sur la loge d’où il vient.

— Qu’arrive-t-il ? demande Isidore, en voyant plusieurs personnes se lever.

— Ce n’est rien, répond son voisin ; c’est une jeune personne, que vous voyez là, en blanc avec une écharpe rose ; elle a laissé tomber son bouquet.

Ces mots rappellent tout à coup à Isidore ce que lui a dit M. de Brécourt, il lève les yeux sur la loge indiquée, puis les referme aussitôt ; sa tête se penche sur son épaule, un cri plaintif s’échappe de sa poitrine, et il perd connaissance. On le transporte au foyer ; un chirurgien qui se trouve là veut le saigner, mais un homme s’y oppose, « Ce ne sera rien, dit-il ; qu’on m’aide