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mariage qu’il s’obstine à refuser. Plus sa résolution est généreuse, plus il y reste fidèle ; les avis raisonnables, les preuves du plus tendre intérêt, n’obtiennent rien ; seulement Isidore, craignant de désobliger par trop un ami si zélé, consent à le suivre le soir même à l’Opéra-Italien, où doit se trouver la jeune personne dont M. de Brécourt fait tant d’éloges. Pour être plus certain de sa condescendance, M. de Brécourt l’emmène dîner avec lui, et fait retenir deux places à l’orchestre pour lui et son jeune ami. Mais, à peine était-il entré dans la salle, qu’il se rappelle un rendez-vous d’affaires ; il n’a qu’une réponse à donner et sera de retour avant un quart d’heure ; il prie Isidore de lui garder sa place.

— Elle sera à l’avant-scène des secondes, avec une robe blanche et une écharpe couleur de rose, dit-il en s’en allant.

Cet avis a si peu d’intérêt pour Isidore, qu’il l’oublie presque aussitôt qu’il le reçoit, et se laisse captiver tout entier par la musique de Rossini et la voix enchanteresse de madame Malibran. Pendant le premier entr’acte de la Sémiramide, Isidore se lève et reste debout, tournant