Page:Nichault - Souvenirs d une vieille femme.pdf/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’étais si heureuse de placer, sans danger, les émotions de mon cœur et mon goût pour les choses romanesques. Je prenais un intérêt si vif, si vrai aux récits de mes amis qu’ils m’associaient, souvent plus que je ne l’aurais voulu, aux passions, aux événements qui les agitaient ; ils comptaient si bien sur ma discrétion et mon dévouement ! En effet, j’étais discrète par curiosité, par le besoin de me faire des intérêts étrangers aux miens, et dévouée sans mérite, car le plaisir de secourir, de consoler un ami malheureux, m’exaltait à un point qui justifie presque cette barbare pensée de La Rochefoucauld. « Dans l’adversité de nos meilleurs amis, nous trouvons toujours quelque chose qui ne nous déplaît pas. »

Hélas ! oui, ce quelque chose, c’est le bonheur de leur être utile, c’est l’espoir de