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gagner la valeur de ce joli cheval qu’on vous proposait ce matin.

— Ce serait bien amusant, dit Angéline.

— Et très-étonnant, dit Isidore, car je joue de malheur depuis bien des années.

— Raison de plus pour que la chance tourne, reprit madame Vandermont en allant s’asseoir parmi les joueurs, tandis qu’Angéline suivait son danseur à l’autre bout de la salle. À son retour près de sa mère, celle-ci lui dit : Mes pressentiments ne m’ont point trompée, j’ai des trésors à partager entre vous deux, Isidore a gagné son cheval, et toi la jolie montre que tu désirais. En disant ces mots, madame Vandermont montra plusieurs billets de banque qu’elle plia dans sa bourse.

Les jours qui suivirent furent consacrés aux mêmes plaisirs, et Isidore ne se démentit pas un instant dans sa froideur polie envers Angéline. Il allait retourner avec le docteur K… à Paris ; l’idée de le voir s’éloigner d’elle, sans avoir pu lui adresser un seul mot affectueux, l’emporta sur le sentiment d’orgueil ennemi de toutes les explications ; Angéline craignit aussi d’avoir blessé innocemment la fierté d’Isidore, et, pous-