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En finissant ces mots, Isidore retourna près de la calèche. Angéline en éprouva quelque dépit ; mais se rappelant le sentiment dont il l’avait crue longtemps préoccupée, elle ne put blâmer l’éloignement d’Isidore pour elle.

Arrivée à la Géronstère, la fontaine des buveurs bien portants, Angéline fut entourée par tous les jeunes gens que le plaisir amène aux eaux chaque année ; on fit de grands projets pour le bal du soir, et chaque élégant se mit en devoir de cueillir la bruyère fleurie qui fait l’ornement des robes de fête à Spa. Angéline en avait déjà de quoi garnir dix robes, mais il n’y en avait pas un seul brin offert par Isidore. Le soir, à la redoute, il ne l’invita pas une seule fois à danser.

Aux eaux, tout le monde joue un peu, c’est l’usage, et les femmes s’établissent sans honte à une table de rouge et noire, comme à une table de whist dans un salon. Madame Vandermont dit à Isidore :

— Tentons la fortune ; confiez-moi un louis, j’en mettrai autant pour Angéline, et, qui sait ? le bonheur me favorisera peut-être ? Si j’allais