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lu dans son cœur, j’ai vu dans son dévouement subit l’effet de la conversation qu’il a eue avec M. de Brécourt. L’abandon le plus complet de sa part m’aurait moins blessée. Mais, je vous en conjure, qu’il ignore toujours l’innocente ruse employée par vous pour me désabuser. Comme je renonce dès aujourd’hui à toute idée de mariage, on gardera sans peine le secret de ma dot ; et, d’ailleurs, bientôt il ne pensera plus à moi. Ah ! si je pouvais hâter ce moment, si je pouvais ne plus le rencontrer !

— Rien de si facile : veux-tu partir dès demain pour Spa ? Les eaux me sont ordonnées depuis longtemps, et ce voyage nous sera profitable à toutes les deux.

— Eh ! ne sais-je donc pas les raisons d’économie qui vous ont empêchée de le faire l’an passé ? Nous ne sommes pas plus riches cette année.

— Cela est vrai ; mais tu es plus malheureuse ; et l’argent que je refuse à une fantaisie ou à un petit intérêt de santé, je le dépense sans regret pour une chose doublement utile : ainsi, prends courage, et dispose tout pour notre prochain départ.