eut l’imprudence de parler de son dévouement pour ses amis, de la manière noble dont il savait les obliger ; et, dans son enthousiasme pour les sentiments généreux dont il espérait bien profiter, il laissa échapper ces mots :
— Et, comme je le lui disais hier matin, c’est doubler les jouissances de la fortune que d’en faire un si noble usage.
Ce peu de mots détruisit l’illusion d’une année entière : la douleur et l’indignation qu’en ressentit Angéline ne lui permirent pas de rester près d’Amédée ; elle prétexta un violent mal de tête, et se retira dans sa chambre : là, elle attendit que la soirée fût terminée pour retourner auprès de sa mère.
— Vous l’aviez trop bien jugé, dit-elle ; il ne m’aimait pas ! C’était mon peu de fortune et non la volonté de sa mère, qui causait son indécision. Ah ! pourquoi ne puis-je m’éloigner de lui à l’instant même, et pour toujours !
— Ma pauvre enfant ! disait madame Vandermont en pleurant aussi du chagrin de sa fille ; calme-toi ; peut-être le jugeons-nous trop sévèrement ; peut-être…
— Non, ma mère interrompit Angéline ; j’ai