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femme qui pût nous rendre heureux, on serait bien coupable envers soi-même de ne pas faire tout au monde pour l’obtenir !

Il a vu M. de Brécourt, pensa Angéline, et ses yeux se remplirent de larmes.

— Pourquoi cette tristesse ? demanda alors M. de Vilneuse : l’idée de mon bonheur vous causerait-elle quelque regret ?

Et, tout en faisant cette question d’un air inquiet, Amédée ne doutait point que l’émotion la plus douce ne fût seule cause des larmes d’Angéline.

— Non, dit-elle ; j’ai réfléchi aux obstacles qui nous séparent : il en est survenu un qui est insurmontable.

— Lequel ? vous me faites frémir !

Une personne qui s’approcha d’eux en cet instant dispensa Angéline de répondre à Amédée ; ce tiers, introduit dans la conversation, apporta un grand changement dans leurs paroles, mais fort peu dans leurs pensées. Angéline ne cherchait qu’à se convaincre de ce qu’elle soupçonnait, et M. de Vilneuse, qui voulait la captiver par tous les genres de flatterie, entama un long éloge de M. de Brécourt, dans lequel il