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beauté d’Angéline et de l’effet qu’elle produisait ; mais c’était encore une joie de vanité ; le cœur n’était pour rien dans aucune de ces émotions.

D’ailleurs, quoi de plus fugitif qu’un effet de ce genre à l’époque où nous vivons ? Il faut savoir à quel chiffre monte sa dot pour s’occuper longtemps d’une jeune personne, si jolie qu’elle soit ; et le plus amoureux renonce bien vite à l’idée de faire son bonheur quand elle ne peut faire sa fortune à lui. Aussi, après avoir répété plusieurs fois « elle est ravissante, » on ne fit plus attention à Angéline ; chacun reprit le cours de ses prétentions, de ses ambitions, et la pauvre enfant, qui n’en pouvait flatter aucune, resta délaissée près de sa mère et de son vieil ami.

En voyant l’abattement d’Angéline, et devinant sa tristesse, madame Vandermont lui proposa de s’en aller avant la fin du bal qui paraissait devoir se prolonger fort avant dans la nuit. Angéline souffrait trop de tout ce qu’elle voyait pour ne pas accueillir la proposition ; d’ailleurs, elle se flattait en secret qu’Amédée s’apercevrait de leur départ, et qu’il tâcherait de les retenir. Mais elle eut beau laisser tomber son éventail