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d’en convenir, car il en deviendrait fou de joie, je vous en avertis.

— Moi, de l’humeur ? reprit Angéline en rougissant ; de la mauvaise humeur au bal ? ce serait bien ridicule, et certes je n’ai pas envie…

— De me faire tant de plaisir, n’est-ce pas ? interrompit M. de Vilneuse. Eh bien, je me résigne à penser tout bonnement que je vous ennuie : avec cette idée, je devrais vous débarrasser de ma présence, et céder ma place à l’un de ces admirateurs qui vous entourent. Je lis dans leurs yeux qu’ils m’en auraient une extrême reconnaissance ; mais je ne me sens pas capable d’un procédé si généreux. Cela vous déplaît sans doute ?

— Vous savez bien que non, répondit Angéline d’un ton où le reproche cédait à l’indulgence la plus tendre.

Quelle faute dans l’art de captiver un cœur léger ! À peine Amédée fut-il rassuré par cette réponse naïve, qu’il devint distrait en parlant à Angéline, et que ses regards se portèrent moins souvent sur elle que du côté de la laide héritière.

— On va danser un quadrille dans l’autre sa-