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redouté se trouvaient rarement réunies. La première de toutes était dans l’esprit et le caractère de la femme chargée de faire les honneurs de ce salon : il fallait que, sans être vieille, cette femme eût passé l’âge où l’on ne parle à une jolie personne que de sa beauté ou de sa parure, et qu’elle fût à cette époque de la vie où l’esprit d’une femme obtient plus de l’amour-propre des hommes que ses attraits et sa jeunesse ont jamais obtenu de leur cœur.

Le rang, la fortune étaient nécessaires, mais non indispensables à ces reines des ruches du grand monde : car on a en vu telles que madame du Deffant, qui était presque pauvre, et que madame Geoffrin, qui était la femme d’un manufacturier ; cependant chacune d’elles a eu un salon où l’on faisait des édits et des académiciens ; mais les questions qui s’agitaient alors étaient loin d’avoir l’importance de celles qui ont fait retentir depuis le salon de madame de Staël.

La seconde condition d’un salon était un maître de maison poli, nul ou absent. On en tolérait parfois un assez aimable ; mais c’était une exception, et