Page:Nichault - Salons celebres.djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des femmes, que la nature et la société elle-même s’indignaient de les voir depuis si longtemps (malgré les progrès de la civilisation) victimes d’un joug tyrannique, qui réduisait leurs facultés physiques, spirituelles, politiques et militaires aux vils travaux du ménage ; ils ont tonné avec tant d’éloquence contre cette soumission d’ilote conjugale, dont on voit tant d’exemples, que le pauvre mariage, accoutumé aux traits naïvement malins de nos vieux fabliaux, aux monotones lazzis du vaudeville, aux couplets érotiques de la régence, aux sourires moqueurs des maris en herbe, l’innocent mariage se sentit tout à coup anéanti sous une trombe d’accusations, dont la moins criminelle méritait tout les supplices empruntés par nos jeunes romanciers aux fureurs du moyen âge. Les femmes seules eurent pitié du mariage : soit que leur âme, naturellement généreuse, ne pût voir sans horreur le déchaînement de toute une jeunesse effrénée contre cet honnête vieillard, si facile à vivre ; soit qu’elles fussent mieux averties sur le parti qu’on pouvait en tirer, les esclaves se rallièrent au tyran, et nous en voyons tous les jours languir après ses rigueurs et implorer son despotisme.