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Nous avons encore la vieille fille dont la passion, toujours désappointée, a tourné à la politique : son opinion, acerbe dans sa forme, amère en ses discours, dépend toujours des opinions du dernier homme qui n’a pas voulu l’épouser ; était-ce un jeune libertin, elle est dévote ; un libéral, elle est ultra ; un vieux marquis, elle se fait jacobine. Dans toutes ces conditions, son intolérance est la même. Elle veut qu’on destitue tous ceux qui ne vont pas à confesse, qu’on mette en prison tous les journalistes, ou qu’on détrône tous les rois. La dernière de ces fureurs est la plus comique parce qu’elle s’étend jusqu’au plus petit gentilhomme. Elle accuse la caste entière de tous les maux qui ont depuis tant d’années affligé la France ; oubliant tous les frais qu’elle a faits pour se concilier l’amour d’un marquis, elle se pare d’une haine native contre tout ce qui a porté un titre ; ceux fondés sous l’Empire trouvent seuls grâce à ses yeux, car elle n’a point encore été délaissée par de vieilles moustaches : ces messieurs-là ne s’adressent guère qu’aux jeunes et jolies femmes.

À l’affût des nouvelles, elle colporte de maison en maison celle qui doit le plus contrarier les senti-