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d’un avocat à portefeuille ? Que dire de ce franc révolutionnaire qu’une émeute a fait un personnage, et qui parle de sévir aujourd’hui contre tout ce qui pense à troubler l’ordre idéal de son gouvernement éphémère ; et de cet ancien défenseur de la presse, qui signe chaque jour des mandats de saisie contre les écrivains du parti dont il n’est plus ; et de cette classe de mécontents, toujours mécontents, quels que soient les dynasties, les gouvernements, les succès ou les revers, et toujours heureux d’être mécontents ?

Tous ces gens-là sont ridicules, et nous n’avons pas la prétention de chercher à démontrer une vérité si commune ; ce que nous voulons prouver, c’est qu’à leurs seuls ridicules ils doivent tous les avantages de leur position.

En temps de troubles, lorsque tout change, que devient l’homme fidèle à ses principes ? Un boudeur inutile, qui va se confiner dans quelque vieux château, s’il est de la classe châtelaine, ou dans quelque réduit champêtre, s’il appartient à celle des philosophes. Résigné à tout, plutôt qu’à se mêler aux intrigues qui surgissent de toutes parts à chaque révolution, il leur abandonne sans combat le terrain, et va condamner à la