Page:Nichault - Physiologie du ridicule.pdf/81

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rois de la Faculté étaient là, ils se sont emparés, comme de juste, des malades.

— Pour les sauver, sans doute ?

— Bah ! ils étaient morts avant qu’on ait pu seulement les questionner sur ce qu’ils souffraient. Messieurs les docteurs se sont mis aussitôt à l’ouvrage, en regrettant de ne pouvoir opérer devant la foule d’étudiants qui assiégeait les salles et même les portes de l’hospice ; mais nous prendrons notre revanche : les nouveaux cas qui doivent nous arriver demain donneront à la science tous les moyens de s’éclairer, et de décider surtout la grande question de l’épidémie, pour mieux dire de la contagion.

— Eh bien, c’est à vous à jouer, dit le sceptique à son adversaire. Mais le pauvre homme, accablé sous le poids de la sinistre nouvelle, était hors d’état de s’intéresser à la partie commencée : les dominos, rangés sur la paume de sa main, venaient de retomber pêle-mêle sur la table ; déjà le frisson de la peur faisait trembler ses membres. La description de l’affreuse agonie, faite avec amour par le jeune médecin, avait jeté la terreur dans l’âme de tout le monde.

— Êtes-vous fous, de vous laisser abattre ainsi