Page:Nichault - Physiologie du ridicule.pdf/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

irrité de quelques ministres ou la rancune de quelques prêtres ambitieux ; on leur répète que le peuple est au moment de se révolter.

— Quel conte ! disent-ils. Le peuple, qui avait vu sans bouger les échafauds des réactions, le retour des livrées, le présent d’un milliard, prendrait fait et cause pour quelques journaux, et se ferait mitrailler, lui qui ne sait pas lire, pour la liberté de la presse ! Quelle folie ! et comment une tête raisonnable peut-elle accueillir de semblables rêveries ? Choisir le moment où la conquête la plus importante vient d’illustrer un règne pour renverser la dynastie ? Et vous croyez cela, vous ?

— Oui, je le crois ; et je m’en afflige d’autant plus, que je crois aussi qu’avec plus de prudence on pouvait éviter ce malheur ; car quel plus grand malheur que de voir le sang couler dans les rues de Paris, et d’avoir à pleurer également la mort des vaincus et des vainqueurs !

— Pauvre badaud ! c’est votre femme, n’est-ce pas, qui vous montre toutes ces visions ? Renvoyez-la donc à sa quenouille, et défendez-lui de se mêler de politique.

— Eh bien, lui dit-on un autre jour, vous