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maison, bien décidé à ne me marier de ma vie, pour échapper à la ridicule manie d’imposer à tous l’ennui de ses enfants.

— Vous avez fait là un dîner peu agréable, j’en conviens, dit le général ; mais celui que j’ai fait hier chez madame de Moseville était bien plus pénible pour ceux qui, ainsi que moi, se trouvaient dans le secret de la pauvre maîtresse de maison.

» Vous connaissez Moseville, et son amour pour les gens en place : le ministre des Affaires étrangères lui avait promis de venir dîner hier chez lui, et vous devinez les soins qu’il a dû prendre pour que le ministre ne trouvât chez lui que les gens et les choses qu’il préfère. Tout bien préparé, voici qu’inopinément la coqueluche se déclare dans sa petite famille : ses deux enfants en sont atteints, et la maladie se présente d’une manière alarmante. Madame de Moseville conjure son mari de remettre le dîner à un autre jour, et d’écrire à ses nobles convives la triste raison qui la retient près du lit de ses enfants ; mais ses prières, son inquiétude maternelle, rien ne touche M. de Moseville ; il prétend qu’une garde intelligente suppléera aux soins de la mère, et qu’elle doit avant tout se con-