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poche, le déroule gravement, puis le présentant au banquier :

— Voici, dit-il, de quoi vous convaincre des vérités que j’avance. Ayez la bonté de jeter les yeux sur ce travail ; et si, comme personne n’en doute, vous arrivez bientôt, monsieur, au ministère, je vous demande, pour unique prix de cette mine d’or, de vouloir bien me permettre de l’exploiter sous vos ordres. Vous pouvez voir, ajouta-t-il en montrant son accoutrement, que ma fortune particulière m’occupe peu : c’est à celle de mon pays que je consacre tout entier le fruit de mon labeur. Eh ! qu’importe le vil intérêt d’un homme à côté de cette masse d’intérêts qui font la prospérité des États ? La richesse publique avant tout, voilà mon principe à moi. Je sais que, pour l’établir, j’aurai à combattre l’esprit du siècle, l’égoïsme rationnel ; que la marche des choses veut qu’on arrive aux places pour y faire sa fortune, et pour la faire d’autant plus vite qu’on n’est pas sûr d’y rester longtemps. Mais je pense qu’assez de ministres se sont enrichis de cette manière, et qu’il est temps de leur faire succéder la nation. Vous êtes de cet avis, je me flatte ?