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calomnies, des mensonges accueillis dans le monde, mais je n’en ai pas vu durer assez longtemps pour détruire ou asseoir une réputation. C’est là seulement où le vrai triomphe ; peut-être me citerez-vous une exception, mais elle prouvera la règle, et j’en suis fâchée pour ceux qui ont à se plaindre de leur réputation ; car je n’ai encore trouvé que cela de toujours vrai dans notre ère sociale.

Après cette déclaration, Agenor reconnut l’impossibilité de détruire la croyance que lui-même avait établie. Il regretta d’avoir eu le tort de s’exposer ainsi à la dérision de sa belle-mère, et, certain de n’être pas mieux écouté de sa femme, il garda le silence.

La seule personne qui fût dans le secret de sa torture en jouissait paisiblement : c’était à chaque instant quelque combat visible à l’œil de Théophile, que se livraient l’orgueil humilié, la jalousie, la colère et la conscience d’Agenor ; car il sentait qu’à la place de M. de Renange il se fût vengé comme lui, et l’on croit facilement au mal qu’on aurait voulu faire.

— Dieu me pardonne, disait le général G…, je crois qu’Agenor est jaloux de son ami ; il ne