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d’irritation que la moindre contrariété pouvait rendre funeste, et Agenor promit de se soumettre aveuglément aux caprices de sa femme.

Cette manière d’être dura bien quelques semaines, mais le souvenir des mêmes moyens employés par lui dans de certaines circonstances, éveilla la jalousie d’Agenor. Il examina plus attentivement les habitués du salon de madame de Lauréal : ils étaient en petit nombre ; la coquetterie seule sait maintenir une cour ; la femme la plus aimable voit bientôt fuir la sienne, dès qu’une préférence secrète la préoccupe : personne n’aime à chanter dans les chœurs pour faire valoir et soutenir la voix du héros qui fredonne.

L’examen ne fut pas long, et n’amena aucun éclaircissement. Cependant le cœur, le caractère, les manières même, tout était changé dans madame de Lauréal ; une langueur enchanteresse avait remplacé sa vivacité ordinaire ; les plaisirs du monde l’ennuyaient ; de la musique intime, des lectures choisies, faites par Théophile, composaient tous les plaisirs de ses soirées. Quand sa santé lui permettait de sortir, elle allait au Théâtre-Italien entendre l’air chanté par Rubini, et se faisait accompagner par Théophile, connais-