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Que de raisons pour le choyer ! et qu’il trouvait de force contre les moqueries peu décentes de certaines personnes, dans l’abandon mystérieux du petit nombre de femmes qui tiennent à leur réputation ! Comme il suivait exactement la route qu’on lui avait tracée, qu’il se donnait bien tous les airs du grade qu’on lui avait conféré ! Il n’en oublia qu’un seul, il ne parlait jamais de ses prétendues conquêtes. Cette omission dans les habitudes des héros du genre aurait suffi pour le trahir ; s’il s’était trouvé dans les salons où il allait le plus souvent en observateur exercé. Mais madame de Lauréal, ne pouvant soupçonner cette double ruse ; croyait Théophile l’homme le moins dangereux du monde : c’était l’important.

Dire comment il s’y prit pour la ramener du dédain à la crainte, de la pitié à l’amour, et tout cela pendant qu’Agenor était avec son général en inspection, ce serait trop difficile et trop peu discret ; sans doute, il fallut bien des soins pour se faire écouter, des tournures bien ingénieuses pour se faire comprendre, et toute la pureté d’un esprit supérieur pour traiter un sujet si délicat. Enfin, Théophile parvint à exciter l’indignation de madame de Lauréal contre la calomnie dont