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confier sa fille, soit pour aller au spectacle, soit pour les conduire toutes deux dans le monde ; enfin, c’était à qui le traiterait le mieux comme un homme sans conséquence.

Pendant ce temps Agenor faisait des progrès rapides ; sa fatuité ne les laissa point ignorer, et madame de Vardennes fut bientôt placée dans la nécessité de le prendre pour amant ou pour mari ; la sagesse qui l’avait dirigée jusqu’alors ne rendait pas son choix incertain, et le jour du contrat fut fixé.

L’amitié et la philosophie de Théophile succombèrent en cette occasion ; il s’avoua ses regrets, et la crainte de les trahir lui fit prendre le parti de s’éloigner pendant une année de Paris. Plusieurs missions lui étaient proposées, il accepta celle qui le forçait à partir sans délai, et cela pour n’être point témoin du mariage de son ami.

Malgré les lettres les plus tendres adressées par les nouveaux époux, tout le temps que dura cette absence, Théophile conserva un ressentiment d’autant plus vif contre Agenor qu’il se le reprochait comme une injustice. Un soupçon ridicule, dont il s’accusait en riant, revenait sans cesse à sa