Page:Nichault - Physiologie du ridicule.pdf/234

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’une femme sans lui enlever l’estime et l’affection dues à son aimable caractère ?

Ce moyen, Agenor le trouva.

Madame de Vardennes, au moment de son veuvage, s’était rapprochée de sa mère : madame d’Ermeuse l’accompagnait dans le monde, en attendant qu’elle lui choisît un autre mentor ; car elle espérait bien jouer un jour avec ses petits-fils, et comptait sur les regrets qu’éprouvait madame de Vardennes de n’avoir point eu d’enfants de son mariage, pour lui en voir bientôt contracter un second.

Elle avait raison, ce regret pouvait seul déterminer sa fille à sacrifier son indépendance. Si l’on était longtemps jeune et jolie, pensait madame de Vardennes, si l’on pouvait conserver toute sa vie les soins tendres d’une mère, le sort d’une veuve serait le plus enviable ; mais arriver seule à la fin de sa carrière sans savoir à qui dévouer ses affections, sa fortune ; être livrée au tourment de choisir entre des héritiers avides ou des amis ingrats, c’est un sort misérable : oui, plus misérable que celui de la mère pauvre qui travaille pour nourrir ses enfants, ou qui vit du fruit de leurs travaux.