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mais ceux qui l’ont vue ont le droit de croire à la puissance du somnambulisme.

— C’est dommage, me dit quelque temps après M. G…, que cette cure merveilleuse ait été accompagnée d’une jonglerie misérable.

— Que vous êtes dans l’erreur ! lui répondis-je ; sans cette jonglerie, ni vous ni moi ne nous serions dérangés de nos habitudes : il fallait quelque chose de bien absurde, et surtout de bien ridicule pour nous attirer à cette singulière séance ; et je n’en veux pas à M. C…, qui sait le vrai du somnambulisme, de l’accorder au grossier merveilleux qui séduit le vulgaire ; sans cela personne ne prendrait garde à lui ni aux effets miraculeux qu’on peut tirer de sa science. Allons, soyez de bonne foi, et convenez qu’il en est du somnambulisme comme de toutes les découvertes importantes, dont on ne peut faire adopter les bienfaits qu’à la faveur du ridicule qui s’attache d’abord à elles. N’en rit-on pas ? c’est qu’elles ne sont point dignes d’éclairer le monde.

Quand on a un grand intérêt à être vu, il faut attirer les regards par tous les moyens possibles.