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est l’oracle des vieilles femmes qu’un beau désespoir de coquetterie jette naturellement dans les intérêts de parti, et qui se font politiques aujourd’hui, comme autrefois elles se seraient faites dévotes.

Il faut voir son entrée chez l’une de ces autorités tracassières, à qui le souvenir de la duchesse de Longueville tourne la tête, et qui font de la diplomatie à visage découvert et du mystère sans secret. Il sourit à l’une, il fait attendre son salut à l’autre ; il hasarde une nouvelle pour s’attirer l’attention générale ; car, bien que retiré des affaires, son désir d’y rentrer le maintient journellement dans la société de ceux qui les mènent, ce qui ne l’empêche pas de causer avec les chefs de l’opposition. Mais les audiences qu’il accorde à ceux-ci se passent toujours dans l’embrasure d’une croisée, ou sur un canapé lointain, tant il croit à l’importance de ses moindres phrases, et redoute le parti qu’en pourrait tirer un écouteur indiscret.

Pour lui, son influence n’est pas douteuse. Propose-t-on une loi, prend-on une mesure, c’est toujours un mot de lui qui en a donné l’idée ; il est la substance qui clarifie tout, le fil qui