Page:Nichault - Physiologie du ridicule.pdf/219

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il paraissait avoir quinze ans au plus : sa figure, ni jolie ni laide, était pâle et commune, il y avait dans son regard plus de finesse que d’inspiration. Les gens qui l’accompagnaient avaient les manières simples et calmes des comparses de tragédie, qui voient s’accomplir chaque soir sous leurs yeux les événements les plus extraordinaires sans en être émus, tant ils sont dans le secret des moyens employés pour étonner et charmer le public.

Les femmes qui se trouvaient parmi les sectateurs du somnambulisme étaient beaucoup plus remarquables, par leurs chapeaux à plumes mangées aux vers, leurs robes de satin passées, leurs gros souliers et leurs gants sales. Elles étaient, de plus, dans une agitation continuelle, faisant des soupirs mystiques, levant au plafond de petits yeux cernés ; enfin, cherchant à exciter la foi par tous les moyens de séduction à leur portée.

Placé par le maître de la maison entre deux personnes de ma connaissance, je n’osais lever les yeux sur elles, dans la crainte de risquer mon sérieux, et je gardai comme tout le monde un profond silence.

J’avais bonne envie de monter mon imagina-