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vaient constater le miracle, et d’autant de néophytes déjà convertis à la nouvelle croyance.

Quand tout cela fut déballé un à un de son fiacre, je franchis la porte, et montai l’escalier le plus vite possible pour jouir de l’effet de leur arrivée. Il y avait un grand recueillement dans la troupe, et j’eus regret de le voir troubler grossièrement par la réclamation d’un des cochers de fiacre, qui prétendait n’avoir pas reçu le prix de sa course. On eut quelque peine à l’apaiser ; l’apôtre, qu’il avait transporté de l’Estrapade à la rue Saint-Florentin, ne voulait rien donner pour boire ; le cocher le poursuivait avec ses gros sabots, et menaçait d’entrer avec lui dans le salon. Mais l’endormeur, voulant éviter une scène si peu digne du rôle d’un apôtre, tira une petite pièce de sa poche, et se débarrassa ainsi d’importunités qui commençaient à tourner en injures. « Les voilà, les voilà ! » s’écrièrent à la fois plusieurs personnes rangées en cercle autour d’un grand salon, dont le centre était occupé par un canapé pouvant servir de lit improvisé.

Tous les yeux se portèrent d’abord sur le sujet ; c’est le nom que ces messieurs donnaient au somnambule.